Cap clair : l'eurosocialisme

Camarades socialistes,

À l’heure où s’ouvre votre congrès, nous souhaitons vous soumettre une proposition doctrinale audacieuse, sans détour ni demi-mesure. Une proposition nouvelle, tournée vers l’avenir. Notre tribune, indépendante de tout candidat ou texte d’orientation, ne poursuit qu’un objectif : interroger le rapport de la social-démocratie européenne à l’Europe. Face à la guerre en Ukraine, aux conséquences du Brexit et à la montée des extrêmes droites, un malaise grandit. De plus en plus nombreux sont ceux qui ressentent, à gauche, le besoin d’un renouveau idéologique. Malaise face à une Europe paralysée, face à un Parti socialiste européen (PSE) sans vision ni unité, face à un débat caricatural qui réduit l’alternative à un choix binaire : être pro-européen ou sortir de l’Union. Le score de la liste Réveiller l’Europe nous oblige à aller plus loin, à répondre aux attentes des Français et des Européens.

Nous sommes réformistes ? Alors réformons les traités européens. Nous sommes européens ? Alors refondons l’Union européenne. Nos électeurs réclament de la radicalité ? Alors ayons un cap radical : en finir avec une social-démocratie européenne amorphe et faire advenir l’eurosocialisme. Le temps n’est plus aux demi-mesures. Nous devons affirmer, haut et fort, une nouvelle voie pour la gauche européenne. Ce combat ne peut se limiter aux seules élections européennes, il doit être présent dans la doctrine de tous les partis socialistes européens.

Pour un Parti socialiste résolument eurosocialiste

Depuis plusieurs années, le Parti socialiste traverse une crise d’identité. Tiraillé entre une aile sociale-démocrate proche des équilibres centristes, une copie conforme de l’écologie politique et une tentation de copier la gauche plus radicale, il peine à retrouver une ligne politique claire. Pourtant, une voie existe, cohérente avec son histoire et essentielle pour l’avenir : celle de l’eurosocialisme.

L’euro-socialisme n’est ni un simple réformisme tempéré, ni un abandon de l’idéal socialiste face au néolibéralisme triomphant. Il est l’affirmation d’un projet politique ambitieux, fondé sur la justice sociale, la transition écologique et une Europe démocratique et sociale. Face aux défis du XXIᵉ siècle – montée des inégalités, urgence climatique, crise démocratique –, le PS doit assumer un rôle moteur dans la construction d’une alternative progressiste à l’échelle européenne.

Réconcilier socialisme et construction européenne

Le socialisme ne peut être réduit à un cadre national. À l’heure où les grandes décisions économiques et sociales se prennent au niveau européen, refuser d’investir pleinement cet espace, c’est condamner la gauche à l’impuissance. Depuis trop longtemps, le Parti socialiste oscille entre une acceptation fataliste des règles imposées par Bruxelles et une critique stérile de l’Union européenne. Il est temps de revendiquer une refondation sociale et démocratique de l’Europe.

Cela passe par des propositions fortes :

Vers un salaire minimum européen pour une Europe sociale : Instaurer un salaire minimum européen, ajusté au coût de la vie dans chaque pays, afin de lutter contre le dumping social. Grâce à un “serpent salarial européen”, sur le modèle du serpent monétaire, nous pourrions progressivement converger vers un salaire minimum commun à moyen terme, garantissant des conditions de vie dignes pour tous les travailleurs européens.

Instaurer une fiscalité commune pour une Europe plus juste : Un impôt commun sur les multinationales pour financer une transition écologique solidaire, une harmonisation de l’impôt sur les sociétés et des TVA, car un marché commun ne peut exister sans règles communes d’équité. La création d’un “serpent fiscal européen” – à l’image du serpent monétaire qui a précédé l’euro – serait une approche pragmatique et équitable. Cette dynamique doit être enclenchée par les pays volontaires, sans rester prisonniers des vétos paralysants.

Refondre en profondeur les institutions européennes : Il est temps de renforcer le Parlement européen, de transformer la Commission européenne et de repenser le Conseil européen. La création d’euro-ministères et de services publics européens sur les compétences exclusives, comme l’agriculture, doit être une priorité pour éviter les doublons et rapprocher l’Europe de ses citoyens.

• Une politique industrielle concertée, protégeant les travailleurs européens face à la mondialisation dérégulée au service de la planification écologique, d’une défense commune et de limitation de nos importations. L’Europe doit être autonome dans un monde instable et dangereux.

Le Parti socialiste doit cesser de subir l’Europe et au contraire porter une transformation ambitieuse de ses institutions et de son modèle économique, ces mesures passent donc par un changement radical de nos traités européens.

Une alternative à la fois au néolibéralisme et au souverainisme

L’eurosocialisme est un projet de rupture avec les dogmes néolibéraux qui dominent encore l’Union européenne. L’obsession pour la discipline budgétaire et la dérégulation du marché du travail ont affaibli la solidarité et creusé les inégalités. Mais l’alternative ne peut être un repli nationaliste.

Le souverainisme de gauche, prôné par certains, est une impasse. Penser que l’on peut reconstruire un État providence en dehors du cadre européen est un leurre. Le marché unique, l’euro, les chaînes de production mondiales rendent ce retour à l’État-nation non seulement irréalisable, mais aussi contre-productif. L’urgence est d’instaurer une régulation commune à l’échelle du continent.

Face à une extrême droite qui instrumentalise les souffrances sociales pour imposer son agenda réactionnaire, l’eurosocialisme est le seul chemin viable pour réconcilier les classes populaires avec le projet européen.

Un Parti socialiste clair sur ses valeurs

Adopter une ligne eurosocialiste, c’est redonner une identité forte au Parti socialiste. C’est refuser de se diluer dans un centrisme mou qui trahit les idéaux de gauche, tout en évitant une radicalité protestataire qui conduit à l’impuissance.

Cela implique aussi de rompre avec certaines ambiguïtés passées. Les renoncements des gouvernements socialistes, en France et ailleurs en Europe, ont alimenté la défiance. Il faut réaffirmer un discours offensif en faveur d’un État providence européen, d’une planification écologique concertée et d’une harmonisation sociale vers le haut.

Ce combat dépasse les frontières. Il doit se mener aux côtés des autres partis sociaux-démocrates et écologistes européens, dans une logique de coalition et d’unité. L’heure n’est plus à l’isolement, mais à la construction d’un véritable front progressiste européen.

Le Parti socialiste doit faire un choix : rester englué dans ses hésitations et poursuivre son effacement progressif, ou assumer pleinement un projet eurosocialiste ambitieux, à la hauteur des défis du XXIᵉ siècle. Il ne s’agit pas d’un simple positionnement stratégique, mais d’un impératif historique.

Oui, camarades, l’Europe peut devenir une grande puissance autonome. Oui, elle est le dernier bastion du monde libre et démocratique. Et oui, vous devez prendre toute votre part dans ce nouveau chapitre.

L’Europe doit être sociale, émancipatrice, protectrice et citoyenne. Faute de quoi, elle sera rejetée, affaiblie, oubliée.

Ensemble, unissons nos forces pour l’Europe sociale, pour un avenir Eurosocialiste.


A street sign with the text 'Parlement Européen' is mounted on a pole against a backdrop of a cloudy sky. The sign also features the European Union flag. A modern building with a grid-like facade is partially visible to the left.
A street sign with the text 'Parlement Européen' is mounted on a pole against a backdrop of a cloudy sky. The sign also features the European Union flag. A modern building with a grid-like facade is partially visible to the left.
A prominent EU building stands in the background with large glass and steel architecture. In the foreground is a blue sports court adorned with yellow stars, resembling those on the EU flag. The sky is overcast, adding a dramatic effect to the scene. Tall modern office buildings flank both sides of the central structure.
A prominent EU building stands in the background with large glass and steel architecture. In the foreground is a blue sports court adorned with yellow stars, resembling those on the EU flag. The sky is overcast, adding a dramatic effect to the scene. Tall modern office buildings flank both sides of the central structure.

Unissons nos forces pour l'Europe sociale

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A blue wooden bench features the European Union flag design, with yellow stars arranged in a circular pattern against the blue slats. The paint appears slightly worn, giving the bench a weathered look. The bench is placed on a concrete surface with greenery visible in the background.
A blue wooden bench features the European Union flag design, with yellow stars arranged in a circular pattern against the blue slats. The paint appears slightly worn, giving the bench a weathered look. The bench is placed on a concrete surface with greenery visible in the background.
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